Élections régionales : le NPA limousin partira uni avec le Front de gauche

Publié le par Rédacteur TC

Suivant les régions, le Nouveau parti anticapitaliste partira seul ou accompagné lors du premier tour des prochaines élections régionales du 14 mars. Là où il est accompagné, il partira parfois avec des gauchistes écologistes, parfois avec le Front de gauche (Parti communiste français et Parti de gauche). Dans le NPA, il n'y a pas de ligne définie sur cette question au niveau national, donc chacun fait un peu ce qu'il veut.

En Limousin, on aura droit à une liste Front de gauche-NPA-Alternatifs lors des futures échéances régionales. Dans L'Echo du 23 décembre 2009, on parle déjà d'un « programme commun régional ». La référence au programme commun de la gauche, PS-MRG-PC, des années 1970 est claire. Que le NPA la fasse sienne est assez effrayant. Car ce programme commun de gouvernement aboutit à la victoire de la gauche aux présidentielles de 1981. Le politicien Mitterand, ancien collaborateur de Pétain sous le régime de Vichy, fut élu président sous une étiquette de gauche, et mena une politique qui enfonça les classes populaires dans la pauvreté et les difficultés sociales de tous ordres. Aujourd'hui, en tenant de tels propos, ou en les cautionnant, le NPA, ancienne LCR à prétention révolutionnaire, se dit prêt à gérer les affaires de la bourgeoisie dans le cadre régional, tranquillement. Quitte à semer les illusions électoralistes et parlementaristes au sein des classes opprimées.

 

De l'eau dans son vin...

On sait ce que rétorquera le NPA. « Nous ne participerons jamais à aucun exécutif. Nous ne voterons que les lois en faveur des travailleurs, etc. » Fort bien. Mais alors, dans ce cas, pas besoin de faire partir d'une alliance ! Si l'on passe une alliance avec des partis prêts à gérer les affaires de la bourgeoisie, au conseil régional, c'est que l'on cautionne une telle politique électoraliste, celle qui fait croire que des exécutifs régionaux peuvent sérieusement changer les choses pour les travailleurs et leurs familles. Mais en Limousin, le NPA semble être même prêt à faire parti de l'exécutif, si l'on en croit les mots de leur représentant haut-viennois (qui sera 3ème sur la liste), dans l'Echo du 16 janvier. On se demande alors de plus en plus ce qui fera la différence entre le NPA et la gauche de la gauche (à part le fait que le PCF est un parti bien plus massif et influent dans le salariat que le NPA). Bien sur, l'histoire de la « IVème Internationale-LCR-NPA » nous enseigne aussi que cette tendance du mouvement révolutionnaire en France a toujours fricoté avec la gauche bourgeoise, sans pour autant jamais s'y fondre. Est-ce que cela sera encore le cas cette fois-ci ?

L'article du journal du PCF régional, L'écho, est particulièrement éclairant. Car dans la plus pure tradition de l'opportunisme qui est le sien depuis des décennies, le PCF rappelle illico que l'ennemi ce n'est pas le PS, mais la droite. Il en rajoute dans le réformisme le plus mièvre : on croirait lire François Bayrou (« Nous travaillons à opposer à la droite une politique la plus dynamique possible », explique le tête de liste probable. « Dynamique », voilà un mot plat, neutre, duquel on ne peut déduire aucune politique claire, en terme économique ou social).

Très schématiquement, c'est depuis les années 30 que le PCF pense que les élections et le parlementarisme peuvent changer réellement les choses pour les salariés. Mais comme il est minoritaire, électoralement, il se doit de faire alliance avec le PS pour obtenir des élus. À force, avec le déclin électoral du parti, cette politique réformiste de départ s'est transformée en prétexte, et son effet (la chute électorale du fait de la participation aux affaires bourgeoises) en cause.

 

Vote, mais surtout, lutte

Alors NPA ? PS ? Front de gauche ? Lutte ouvrière ? Tout ce débat est assez peu intéressant, car au fond, il ne représente pas le vrai choix qui est fait aux travailleurs ? Celui-ci est en fait : élections ou lutte sociales ? Pour améliorer sérieusement leur sort, les classes populaires n'ont pas le choix : elles doivent prendre le pouvoir dans la société. Cela commence par fouler au pied la propriété privée bourgeoise. Cela, ce ne sont pas des élections qui peuvent le faire ! Ce sera de puissantes luttes ouvrières. Voyez un petit exemple récent : c'est en faisant grève, en se syndiquant, en utilisant leur force sociale que les salariés du supermarché Intermarché de Sainte-Feyre ont pu obtenir la satisfaction de leurs revendications.

Les intérêts des travailleurs salariés sont opposés à ceux de la grande bourgeoisie. Leur force sociale, celle de leur place dans la production des biens matériels de la société, est la seule sur laquelle ils peuvent compter pour changer leur sort. Toutes les listes qui se présentent devant les suffrages des travailleurs sans énoncer ces évidences premières les trompent. Parler d'intérêt général, de communauté nationale, de production française... c'est oublier les oppositions sociales premières, celles entre les classes.

Les élections ne sont qu'un thermomètre qui permet de mesurer la conscience de classe des exploités à un moment donné. Les élections n'ont jamais abouti à des avancées sociales. Voilà pourquoi, lors de ces élections, et lors des autres, les seules listes qui sont de leur côté sont celles présentées par des mouvements qui réaffirment la place centrale de la classe ouvrière dans la transformation socialiste de la société. Depuis de nombreuses années, ce sont les listes Lutte ouvrière qui maintiennent contre vents et marées le drapeau rouge de la classe ouvrière. Ce sont pour ces listes pour lesquelles il faut voter !

Bien sûr, on nous dira : et l'unité ? En faisant liste seule, LO divise la gauche. Il faut déjà se demander pourquoi le NPA, qui se prétend révolutionnaire, n'a pas proposé une alliance à LO, avec un programme sans concession vis a vis de toute illusion électoraliste ou parlementariste. Si le NPA avait fait une telle proposition, LO aurait surement acceptée. Or le NPA préfère mettre de l'eau dans son vin et se retrouver avec des réformistes plutôt que de proposer un programme radical mettant en avant la force de la classe ouvrière et la nécessité des luttes sociales. C'est un choix. Mais ce n'est pas celui de la vérité. Dire la vérité, c'est se servir des élections comme d'une tribune pour diffuser les idées révolutionnaires ; et se servir des élus comme les yeux et la voix des travailleurs dans les institutions... mais pas plus.

Quant aux militants du PCF qui croient sincèrement que leur parti est révolutionnaire, nous leur demandons : pourquoi alors ne pas faire une alliance électorale avec l'extrême gauche, sans les réformistes auto-proclamés du Parti de gauche ? Vous pensez faire peur aux travailleurs en vous alliant avec des gauchistes ? Mais dans la vie, ne vaut-il mieux pas faire peur parce qu'on dit des choses vraies trop crument, que de paraître aimable et d'en profiter pour arnaquer les gens ?

Philippe Faux

Publié dans Politique

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