Élections régionales : avant, après, c'est sur les luttes qu'il faut compter

Publié le par Rédacteur TC

 Les élections régionales ont eu lieu le mois dernier et, en Creuse, la gauche l'a emporté, comme dans le reste de la région. Ce qui l'a surtout emporté, c'est l'abstention, immense.

 

Maintenant, la mascarade démocratique est terminée. La gauche est au pouvoir en Région Limousin. Mène-t-elle une politique en faveur des pauvres et des salariés ? Que nenni. Dénonce-t-elle les suppressions d'emploi dans les services publics, les budgets sociaux en baisse, les licenciements massifs ? Que nenni. Arrête-t-elle immédiatement les distributions d'argent public au patronat ? Hahaha... (ce n'est pas drôle mais bon, il faut bien continuer à rire).

 

Si elle défend les pauvres et les travailleurs, c'est en parole, à la rigueur. La gauche a pourtant la force, si elle le veut, de mener la guerre aux responsables de la crise, le patronat et le Gouvernement. Si le parti socialiste le voulait, il pourrait contacter les syndicats, organiser une grande campagne pour l'emploi, pour les salaires, pour la hausse des allocations (retraites, RSA, handicapés, etc.), contre la casse des services publics. Un mouvement de cette sorte, appuyé sur des manifestations, sur des interventions dans les média et au Parlement, aurait de forte chance de faire plier le Gouvernement. Mais la gauche ne le veut pas, et ne se lancera pas dans une telle aventure, car elle souhaite comme la droite, le maintien du capitalisme et de la bourgeoisie. La gauche était au pouvoir avant ces élections en Limousin et, évidemment, elle ne changera pas sa politique.

 

Il sera intéressant de regarder les votes des élus de la liste prétendument « à la gauche du PS », (Front de gauche-NPA) qui compte dans ses rangs des membres d'un parti soi-disant « révolutionnaire », le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) de Besancenot. Ils voteront probablement la majeure partie des points clés de la majorité PS. Y compris les cadeaux multiples que le conseil régional fera au patronat ? Peut-être, mais même si ce n'est pas le cas, cela n'empêchera pas que la politique du NPA n'est pas sur une ligne de défense réelle des intérêts politiques des travailleurs.

 

Le sénateur haut-viennois socialiste Jean-Pierre Demerliat a dit des choses intéressantes et instructives sur son blog à propos de la coalition parti communiste-parti de gauche-NPA. Évidemment, son point de vue est celui d'un ennemi des travailleurs, un politicien socialiste républicain, attaché à défendre les intérêts des capitalistes petits ou gros. Mais tout de même. On peut lire : « Mélenchon et le PC, s’ils clament depuis toujours leur volonté de déplacer le centre de gravité de la gauche de gouvernement le plus à gauche possible, revendiquent toute leur place en son sein, d’autant plus que la proximité du pouvoir, local et national -et de ses avantages-, ne les a jamais rebutés…

 

On comprend mal leur union avec des gens qui, idéologiquement, historiquement, ont toujours été des adversaires acharnés du Parti Communiste -les défunts Léon Trotski et Joseph Staline doivent bien sourire…- et qui d’autre part ont une tactique et une stratégie diamétralement opposées à la leur… ». Cette description est intéressante, car elle dit des choses vraies sur cette alliance. Le PG et le PCF sont des partis de gouvernement, qui ont travaillé et travaillent encore dans maints endroits avec le PS. Le NPA issu est de la tradition révolutionnaire, opposé à la gestion des affaires politiques de la bourgeoisie, dans les Gouvernements bourgeois. Ils se sont mis sur la même liste pour ces élections. À notre avis, c'est le signe des illusions que le NPA entretient sur la période actuelle, qu'il croit celle d'un changement de la politique et des partis, tirés par de nouvelles luttes vers la gauche. Il pense que le PCF a tellement perdu de force qu'il peut lui, petit NPA, parvenir à l'influencer, le tirer sur la gauche. Se faisant, le NPA se fait en réalité tirer vers la droite. Et il arrête de faire la seule chose qui compte dans des élections organisées par la bourgeoisie : propager le programme révolutionnaire, et rappeler la réalité des rapports sociaux et de la dictature économique qui se cachent sous le masque de la république démocratique.

 

À la lueur de ces élections, les personnes qui veulent l'amélioration du sort des classes populaire doivent réfléchir à plusieurs choses : faut-il faire confiance à des partis qui promettent monts et merveilles avant les élections, mais qui sont incapables de, ni ne veulent, changer quoi que ce soit ensuite ? Ne faut-il pas plutôt aller voter pour un parti qui propose de s'attaquer à la racine du mal, le capitalisme, par la lutte de classe ? Ce seul parti, même s'il est faible, c'est Lutte ouvrière. Il convient de défendre ce parti autour de soi, de chercher à le renforcer, ou à renforcer les idées qu'il défend, en le rejoignant, ou en diffusant son programme autour de soi, car c'est le seul qui se donne pour but la défense des intérêts des classes populaires par la lutte.

 

Une nouvelle fois, les luttes se sont éteintes pendant la campagne et même après. Ce sont pourtant bien ces luttes qui pour les salaires, qui pour des embauches, qui contre la fermeture d'un hôpital, qui pourront changer le sort des travailleurs et de leurs familles. Pour qu'elles soient un succès, il faudra qu'elles durent assez longtemps pour faire peur au patronat et à ses valets du Gouvernement ou des conseils régionaux.

Benjamin Laforge

Publié dans Politique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article